top of page
  • Photo du rédacteurWiss

La première cyber-attaque remonte au XIXème siècle

Les techniques de sécurité ne cessent d’évoluer pour contrer des attaques de plus en plus étendues et élaborées. On aurait tendance à croire que les cyber-attaques ont vu le jour à la fin du XXème siècle avec l’apparition des systèmes numériques modernes mais on se trompe. Leur histoire remonte à beaucoup plus loin.


Le premier réseau d’informations a été créé en France en 1790. Il reposait sur la technologie phare du moment, le télégraphe. Le réseau se constitue de tours appelées tours Chappe. Chaque tour était constituée d’un mât muni d’un régulateur pivotant et de deux indicateurs articulés et d’un système de manœuvre au bas du mât reproduisant les positions du signal. L’idée est d’avoir un réseau de tours Chappe, chacune reproduisant le signal de la précédente. Un stationnaire placé dans chaque tour a pour tache de reproduire le signal aperçu grâce au système de manœuvres. La transmission d’un signal d’un point A à un point B peut prendre quelques dizaines de minutes. La transmission d’un message varie donc avec sa longueur. Le premier réseau à été construit entre Lille et Paris et la transmission d’un symbole prenait 9 minutes. 


L’utilisation du télégraphe était réservée à des fins politiques et militaires mais en 1834, deux banquiers, François et Joseph Blanc, ont trouvé un moyen pour détourner son utilisation à des fins commerciales. En effet, les deux frères travaillaient comme traders à Bordeaux. Leur souci était que les informations de la bourse de Paris mettaient des jours à arriver par poste et ils n’étaient donc pas avisés des derniers cours des actions à la bourse de Paris. Ils pourraient, donc, gagner plus d’argent si cette information arrivait à eux plus rapidement. 


Les frères Blanc ont soudoyé le stationnaire de la tour de la ville de Tours pour introduire un symbole sur la tendance du marché à la fermeture de la bourse de Paris. Il n’avait, donc, qu’à introduire le symbole « up » ou « down » dans la séquence du message indiquant si la tendance du marché est à la hausse ou à la baisse. Le symbole intrus est suivi d’un symbole « back espace » ou « retour arrière » indiquant au prochain stationnaire d’ignorer le symbole précédent. Le message ne sera, de ce fait, pas modifié. Un guetteur muni de jumelles est placé à l’entrée de la ville de Bordeaux pour voir le signal transmis par le stationnaire d’Angoulême puis le transmet aux frères Blanc. La ruse n’a été découverte qu’en 1836 quand elle a été révélée par le stationnaire de Tours, mourant, qui en a parlé à son ami supposé le succéder. Les frères Blanc ont été jugés, mais ils n'ont pas pu être condamnés car il n'existait aucune loi contre l'utilisation abusive des télégraphes. Mais l’utilisation abusive du réseau de Chappe par les Blanc est considérée comme la première cyberattaque au monde.


Les premiers réseaux, n’étant pas cloisonnés, étaient très vulnérables. Les informations échangées étaient accessibles à tous. Le réseau de Chappe pouvait donc, non seulement, être supervisé par tous mais aussi utilisé par de tierces parties à des fins personnelles. Les mécanismes de transmissions utilisés au XIXème siècle ont bien évolué, de même que les techniques de hacking. 


Si nous avons bien progressé dans un domaine, c’est bien dans la protection des données. Si les frères Blanc avaient infiltré un réseau national où des données confidentielles étaient échangés, ils auraient probablement été condamnés à plusieurs années d’emprisonnement. 

32 vues0 commentaire
bottom of page